Comme tous les matins, vous prenez les transports en commun, vous rejoignez la masse de monde qui, comme vous, part au travail.
Installés confortablement, vous croisez le regard d’une personne. Vous ne la connaissez pas, elle ne vous connait pas, pur fruit du hasard.
Vous imaginez alors d’où peut bien provenir cette personne, pour quelle raison prend-elle les transports à cette heure-là, ou encore que se passerait-il si vous alliez lui adresser la parole ?
S’annonce alors votre station, vous partez. Oubliant alors tout ce que vous veniez de vivre de cet instant. C’est de ce court moment éphémère dont nous allons parler au travers d’Un bus passe… de Mizu Sahara.
Un bus passe… est un assemblage de deux compilations d’histoires de Mizu Sahara éditée en France chez Kazé. Elle contient à la fois Nanairo Sekai et Bus Hashiru. Ici, nous allons uniquement nous intéresser à deux histoires de Bus Hashiru sur les cinq récits dont elle se compose.
Ces récits sont chapitrés comme des arrêts de bus.
Dans Arrêt Soramagari, Kimura, jeune vendeur d’appartement qui rêvasse en regardant les avions dans le ciel, fait la rencontre d’une femme sur la ligne de bus N°7.
Au fur et à mesure des échanges, les personnages n’apprennent pas réellement à se connaître. Nous apprenons beaucoup de choses sur Kimura et sa situation professionnelle, mais rien en ce qui concerne la jeune femme, pas même son prénom.
C’est à se demander si les personnages ont déjà échangé réellement.
Cette ligne N° 7, ce regard perdu dans la Soramagari (« la voûte céleste » en japonais) et la présence de cette femme sur la même ligne, ne sont rien d’autre que l’histoire, l’exutoire à la réalité de Kimura dans son trajet quotidien.
« A demain dans le bus ».
Comme pour annoncer que, demain, Kimura pourra repartager à nouveau ce sentiment en regardant le ciel au pied de la station de bus N° 7.
Dans Arrêt Wasurenagaoka ou colline du nom oublié, l’autrice explore de nouveau ce sujet au travers du personnage de Yuka.
Dans une période où son entourage évolue sentimentalement, Yuka se sent délaissée. À l’arrêt de bus, elle fait alors la rencontre de Takenaka, un garçon qui veut s’engager. Elle l’ignore. C’est lorsque celle-ci monte dans le bus et que celui-ci démarre, qu’elle se rend compte que quelqu’un l’a regardé, avait conscience de son existence. Dans le meilleur des mondes, Yuka arrête le bus et cours voir Takenaka pour lui parler.
Seulement, Mizu Sahara nous ramène immédiatement à la réalité. Yuka est seule et n’est pas descendue du bus. Par cette histoire, on nous présente toute la fatalité de cet instant. L’imaginaire et le rêve sont brisés immédiatement par un retour à la réalité. Cette première rencontre entre Yuka et Takenaka n’était finalement, aussi, que la dernière.
Mizu Sahara traite de sujet commun sans passer par quatre chemins. La quatrième de couverture en décrit parfaitement l’image qui en ressort:
« Chaque jour, le bus suit sa route, transportant autant de « souhaits » et « d’espoirs » que de passagers donnant parfois naissance à de belles histoires… Des avions dans le ciel pour exaucer des vœux, […], une parole qu’on n’a pas pu transmettre. »
C’est l’histoire de ces rencontres d’un instant et se terminant brusquement par :
« Terminus, tout le monde descend. ».
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Cet article est issu d’un travail pour la première émission de POP! dans le thème « Première Rencontre ». Retrouvez cet épisode : ICI.
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Le Blog Noissapé 
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